Les chiffres font rêver : 78 millions collectés en 2013, presque le double en 2014 (152 millions) et encore 30 % de progression entre 2014 et 2015. 33% des donateurs ont entre 35 et 49 ans… Il est bien normal que l’engouement des porteurs de projets soit à son maximum.
Qu’en est-il des plateformes ? Elles sont nombreuses, beaucoup naissent régulièrement et beaucoup disparaissent aussi. Voici un panorama des plateformes de dons et des critères de choix pour les porteurs de projet.
Un paysage qui bouge constamment
Les deux plus connues sont Kisskissbankbank et Ulule, respectivement crées en 2009 et 2010. Dans les mêmes années sont nées des plateformes destinées aux associations comme Hello asso, Arizuka ou Babeldoor. Arizuka vient de cesser cette activité alors que le Crédit Coopératif lançait presque dans le même temps sa propre plateforme dans le même esprit qu’Arizuka : Agir and C°. Notons que celles qui changent d’activités l‘annoncent toujours sur leur site et terminent les projets en cours. Le risque est donc réduit. Mais il est certain que le secteur est de plus en plus concurrentiel et que des regroupements ou des disparitions sont inéluctables.
Créée en 2012, l’association Financement participatif France, qui regroupe 67 plateformes dans son collège dont 27 de dons se positionne comme un organisme de plaidoyer à l’égard des pouvoirs publics, un organisme de formation et de déontologie de la profession. Elle organise des événements réguliers qui permettent d’échanger et vient de publier un code de déontologie téléchargeable sur son site et qui indique bien les points de vigilance à prendre en compte avant de choisir une plateforme. Elle n’a pas de caractère officiel mais elle est seule à faire ce travail et son professionnalisme lui assure sa légitimité. (financeparticipative.org)
Depuis la première publication du baromètre du crowdfunding par Financement Participatif France en 2013, la collecte de fonds auprès des particuliers par les plateformes a été multipliée par plus de onze, passant de 36 millions d’euros en 2013 à 402 millions d’euros en 2018.
Une autre tendance notable en 2018 concerne le nombre de projets financés : en 2017, le crowdfunding avait permis de financer 24 126 projets ; en 2018, leur nombre croît de 38 %, avec 33 381 projets financés.
Généralistes ou spécialisées
Ces premières plateformes étaient ou sont généralistes. Depuis on a vu surgir des plateformes très spécialisées par thème comme Dartagnans pour la préservation du patrimoine et de la culture française ou Credofunding pour les projets de la sphère confessionnelle ou Fundovino pour les projets liés au vin et à la vigne.
On voit aussi fleurir des plateformes locales comme Freelendease pour les projets Lorraine-Alsace- Champagne Ardennes ou Kokoriko pour Rhône Alpes.
Pour choisir, il faut arbitrer entre la notoriété des grosses généralistes qui drainent de nombreux projets et un trafic important mais qui sont moins ciblées et les petites, sortes de niches visitées pas moins d’internautes avec un risque de concurrence sur des projets similaires mais des visiteurs qui seront plus motivés et avec une plus grande affinité. Sur les plateformes généralistes, un moyen simple consiste à regarder le nombre de projets correspondant à la catégorie et dans cette catégorie, le % qui a été financé. Certaines comme Kisskissbankbank et Ulule affichent même cette statistique.
Cause ou projet
La collecte peut être orientée « projet » : le cadre de la campagne de collecte est alors spécifiquement défini et la durée est prévue à l’avance. Ce genre de plateforme adopte souvent également le principe du « tout ou rien » : soit la somme prévue est atteinte et elle est versée au porteur de projet, soit la somme n’est pas atteinte et les donateurs récupèrent leur don. Ullule et Kisskissbankbank pratiquent le tout ou rien. Certaines introduisent des seuils qui assouplissent le principe et peuvent booster la collecte. Dans cette configuration, il est recommandé de bien respecter l’affectation des sommes présentée sur la plateforme
La plateforme peut aussi être orientée « cause » : les sommes collectées restent acquises. C’est le cas d’Alvarum qui s’est spécialisé dans la collecte au profit des associations à l’occasion d’événements sportifs. Certaines comme Hello Asso présentent la collecte avec une jauge ou un outil de mesure de l’avancement mais le porteur de projet peut décider de l’affectation des sommes collectées.
Ce qui est commun à toutes les plateformes
Il est désormais admis, et universellement pratiqué, que le projet doit être présenté dans une courte vidéo, que les contreparties doivent être visibles sur le site.
Les vidéos doivent être courtes et percutantes, la tendance étant à l’heure actuelle au ton décalé ou même humoristique. Cela crée une compétition qualitative et il est de moins en moins possible de mettre en ligne une vidéo trop « amateur ». Certaines plateformes conseillent un prestataire vidéaste avec lequel elles travaillent régulièrement et qui a assuré le succès de campagnes plus anciennes.
Pour les contreparties, il est bon de les mentionner sur la page dédiée et d’avoir bien réfléchi auparavant à leur gradualité en fonction du montant du don ainsi qu’à l’énergie qui sera à mettre en œuvre pour les faire parvenir aux contributeurs.
Pour la communication autour de la campagne, il est certain que les plateformes servent de caisses de résonnance mais que cela ne dispense pas le porteur de projet de s’assurer de la mobilisation en interne. Parmi les plateformes généralistes, c’est à l’heure actuelle Kisskissbank bank qui a la page la plus complète sur ce sujet. Voir encadré Enfin, il faut bien vérifier avec la plateforme qui gère l’envoi des reçus fiscaux
Les Tarifs
Hormis Hello Asso qui fonctionne sur le principe de la gratuité avec possibilité de « pourboire », la plupart des plateformes ont aligné leurs tarifs autour de +/- 8 % de la collecte avec gratuité de l’inscription au départ. Certaines font un mix avec une rémunération initiale en % de la collecte espérée et une rémunération en % de la collecte réalisée. Selon les cas, les frais bancaires sont compris ou non.
Le choix d’une plateforme est le résultat du croisement de plusieurs critères qui est à refaire pour chaque campagne.
Communication autour de la campagne, les trois cercles et la courbe en U
Il s’agit de créer de la « viralité » pour que le projet de collecte soit peu à peu connu par un nombre toujours plus important de donateurs potentiels. Dans ce but le porteur de projet doit mobiliser avant tout son premier cercle : c’est le mail groupé pour annoncer la collecte. Le deuxième cercle, celui des relais d’influence, les amis de vos amis est à mobiliser par facebook. Enfin le troisième cercle, sera touché si vous avez mobilisé le deuxième et si vous osez une campagne de presse qui doit bien sûr être proportionnée à votre notoriété, à votre sphère d’influence territoriale : locale ou plus.
La courbe en U se vérifie dans la plupart des cas : pour une collecte de 30 jours, le nombre de contributeurs diminue jusqu’au milieu de la durée choisie et remonte d’autant plus vite sur la dernière partie que la communication est à nouveau boostée. Pas de panique : 88 % de celles qui atteignent 20 % de leur objectif sont finalement réussies.