Newsletter #44
♦ Article rédigé Par Dominique Thierry, Président d’honneur de France Bénévolat
La question de la reconnaissance des compétences acquises dans le cadre du bénévolat est somme toute assez récente. Elle est apparue dans un contexte né de la convergence de courants parallèles.
Retour sur ce contexte et point de distinction entre la démarche de valorisation et la démarche de validation.
Contexte
La loi de 2002 sur « la Validation des Acquis de l’Expérience » (VAE), qualifiée de « petite révolution » par la Ministre de la Formation Professionnelle, Nicole Péry, est en fait un bouleversement profond qui se heurte à des idées enracinées depuis la Révolution Française et à la Loi Le Chapelier, d’après les experts de la formation.
Ce texte de loi bouleverse l’idée française de la formation, qui est d’abord académique, dont la validation est sanctionnée par un contrôle de connaissances et reconnue par un diplôme. Tout ce qui dévie de ce modèle dominant est suspect : formation par alternance, pédagogie inductive, formation expérientielle, validation à partir du savoir-faire…
Il bouleverse également l’idée de l’acquisition des compétences en milieu professionnel en affirmant qu’il est possible d’acquérir des compétences en dehors de l’entreprise (en structure associative) et en dehors d’une situation d’emploi (de manière bénévole).
Dans le même temps, la transformation en 2001 des filières universitaires au travers de la réforme dite « LMD » (Licence, Mastaire, Doctorat) dans le cadre de l’harmonisation des cursus et diplômes de l’enseignement supérieur dans l’Union Européenne (avec l’introduction des « ECTS » (European Credit Transfer System – Système européen de transferts de crédits) contribue à intégrer la valorisation des « acquis expérientiels » dans le processus d’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur.
Parallèlement, entre 1980 et 2000, les nombreux travaux menés sur la notion de compétences (en opposition à la notion de qualification) influencent les pratiques françaises dans la mesure où un certificat de compétences peut être obtenu en dehors des procédures académiques (diplômes) ou publiques (titre professionnel). A titre d’exemple pour le monde associatif « le Certificat de Formation à la Gestion des Associations » (CFGA) n’est ni un diplôme, ni un titre professionnel : c’est un certificat de compétences accordé sous délégation des DRJCS.
Enfin, la question de la reconnaissance et de la valorisation des compétences acquises dans le cadre du bénévolat relève également de la nécessité pour les associations de mieux valoriser la « ressource bénévole » dans le cadre de leur fonctionnement.
Le contexte favorable à la reconnaissance des compétences acquises dans le cadre du bénévolat ne doit pas conduire à considérer comme équivalentes les démarches de « valorisation » et de « validation ». S’il y a à l’évidence un continuum entre les deux concepts, il y a aussi nécessité de bien les distinguer.
Valorisation et validation des compétences acquises : de l’interne à l’externe
LA VALORISATION, UNE DÉMARCHE INTERNE À L’ASSOCIATION :
La reconnaissance du rôle joué par le bénévole est intimement liée à un questionnement identitaire : celui de sa place et de son importance dans le projet associatif et dans l’équipe en tant qu’individu. Le bénévole détermine sa place et l’importance de son rôle au sein du projet à travers les marques de reconnaissance :
- de soi dans l’échange avec le bénéficiaire
- des pairs dans le projet collectif
- du/des responsable(s) sous toutes ses formes (pots, fêtes)
- de la Société par le biais des médailles, d’hommages publics…
Cette reconnaissance peut se prolonger par une démarche de valorisation notamment par le biais d’outils pouvant témoigner des compétences comme le « Passeport Bénévole » développé par France Bénévolat depuis 2007.
L’intérêt de ces outils témoins c’est le rôle qu’ils peuvent jouer dans un processus de VAE, ils constituent donc un pont entre la démarche de valorisation et la démarche de validation.
Le Passeport Bénévole fait l’objet d’une reconnaissance par Pôle emploi, l’Association nationale pour la Formation Professionnelle des adultes (AFPA) et le Ministère de l’éducation nationale dans la construction des parcours de VAE.
LA VALIDATION, UNE DÉMARCHE EXTERNE À L’ASSOCIATION :
Qu’elle se situe au travers de la VAE pour l’obtention, totale ou partielle, de « Diplômes » (Education Nationale) ou de Titres (Ministère du Travail ou autres Ministères) ou de points ECTS dans le cadre des cursus d’enseignement supérieur, la validation se heurte à 2 grandes difficultés :- les référentiels de validation, en particulier ceux de l’Education Nationale, ont été prioritairement conçus sur la base de connaissances (savoirs) et l’adaptation de ces référentiels à des compétences acquises (savoir-faire) ne va pas de soi (d’où la pertinence des référentiels métiers ou des référentiels de compétences)
- les « certificateurs » et ces référentiels se référent à des univers dits professionnels, prétendus clairs et connus. Le « Monde associatif » est une « terra incognita » pour ces certificateurs et leur faire admettre que les fonctionnements associatifs sont tout aussi qualifiants que les univers professionnels, voire plus, n’est pas chose aisée.
Pourtant, « Ce qui fait l’originalité de l’expérience bénévole, c’est l’approche collective des questions et des problèmes à résoudre, la pratique du débat, l’engagement d’une responsabilité partagée. »
La Fonda (2004), La VAE bénévole, une chance pour les associations, une chance pour la reconnaissance sociale et professionnelle des militants associatifs ?
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